Dr Madhouse

Andrew Scull, Madhouse, a tragic tale of megalomania and modern medecine, Yale University Press, 2007, 360 p.

Madhouse est le dernier ouvrage d’Andrew Scull. Le sociologue revient sur un grand scandale médical qui s’est déroulé aux Etats-Unis, au début du siècle dernier.  Henry Cotton, psychiatre, et administrateur du Trenton State Hospital, dans le New Jersey est convaincu que les troubles psychiques de ses patients sont dus à une forme de pus, un liquide qui leur empoisonne le cerveau et parfois même le reste du corps. Le docteur est persuadé d’avoir face à lui la seule et unique cause de psychoses. Il pratique différentes « ablations » allant jusqu’à retirer des parties de colon, d’estomac et même d’uterus sur ces patients. Beaucoup d’entre eux n’ont pas survécu à ses soins.

Bien que ses travaux aient régulièrement été considérés comme controversés par ses pairs, Henry Cotton a pu mener à bien ses expériences pendant des années, sans être inquiété. Au terme d’une longue enquête, le psychiatre finira par se voir interdit de pratiquer. Son histoire retombe alors dans l’oubli avant que Scull ne vienne la déterrer. Le sociologue se transforme en enquêteur et s’efforce de nous restituer le parcours du psychiatre avec force détails et documents à l’appui.

Ce qui fait la force de cet ouvrage pas encore traduit en français c’est à la fois sa qualité littéraire et son excellente construction narrative . Si ce bouquin est avant tout un livre d’histoire, il se dévore aussi bien qu’un polar. Mais c’est le dernier chapitre que retiendra particulièrement l’historien de la psychiatrie. Scull y fait des parallèles entre les méthodes de Henry Coton et celle de la psychiatrie moderne. Pour le sociologue, on assisterait à un retour de paradigme vers le tout biologique… avec les dérives vers lesquelles cela pourrait mener …